vendredi 7 décembre 2007

Quelques mots pour conclure ce blog

L’information médiatique dans le domaine de l’environnement reste un des piliers centraux de la responsabilisation du public par rapport aux impacts que les choix contemporains de vie laissent sur l’environnement des générations futures. Les médias sont responsables au même titre que les décideurs politiques.

La malinformation dans les médias qui est clairement perçue comme telle est agaçante, mais inoffensive. La malinformation qui est présentée de manière convaincante, soutenue par une argumentation solide et des preuves quasi-scientifiques est dangereuse. Par définition, les médias opèrent certains cadrages aux informations transmises, l’information est donc forcément orientée vers telle ou telle interprétation. Pour que l’information soit donc faite d’une façon correcte et satisfaisante, cela suppose d’avoir une rigueur, une éthique, beaucoup plus fortes que celles qui existent aujourd’hui.

jeudi 29 novembre 2007

Le discours des médias britanniques

''Warm Words: How are we telling the climate story and can we tell it better?'' est une analyse de la manière dont les médias britanniques traitent du changement climatique (IPPR 2006).

Le résultat principal de cette recherche menée par l’Institute for Public Policy Research concerne l’identification de plusieurs registres de discours médiatique. Le premier est celui de l’alarme: le phénomène est décrit comme terrible, menaçant et difficilement maîtrisable. Ce registre très répandu véhicule un message implicite de désespoir, le problème est simplement trop important pour que l’on puisse faire quelque chose.

Le second registre de discours identifié est celui des petits gestes. Il est très présent lui aussi, notamment dans les campagnes de communication et la presse générale. Il s’agit de demander à un grand nombre de personnes de faire des actions simples, faciles, ancrées dans le quotidien, pour contrer le changement climatique. Le risque avec cette approche est de tomber dans le superficiel, la légèreté...

Finalement, le fait que les petits gestes soient souvent juxtaposés aux termes alarmistes, typiquement dans des titres comme ‘20 gestes pour sauver la planète de la destruction’, pose problème. Ce contraste peut être utilisé par certains pour relativiser et rejeter l’alarmisme et, avec lui, le changement climatique. Juxtaposer l’ordinaire et l’apocalyptique peut être source de doute et rejet de la part du public.

mercredi 28 novembre 2007

Changement climatique et NT

Le CIRED a mené cette année une expérience de communication sur la perception de la technologie de capture et séquestration du CO2 (CCS - Carbon Capture and Storage). Il s'agit d'une technologie nouvelle pour lutter contre le changement climatique. Sa perception, notamment celle des risques associés, pourrait être un facteur important pour son développement futur. Cette étude montre comment la manière d'expliquer une NT au grand public et les termes choisis par les politiques et les médias influent sur l'acceptabilité sociale.

L'expérience s'est présentée comme un sondage en ligne pour tester la sensibilité des opinions exprimées à la quantité d'information (avant/après une information sur les risques) et à la sémantique employée (stockage ou séquestration).

L'analyse révèle qu'il existe une influence significative de la sémantique sur le niveau d'approbation de la technologie. Le sondage montre aussi que l'opinion n'est pas solidement ancrée car une l'information additionnelle entraîne une révision très significative de l'opinion: l'information supplémentaire sur les risques conduit les répondants à diminuer leur niveau d'approbation.

Dans l'ensemble les résultats montrent que:

- Le cadrage parmi les politiques générales de réduction d'émissions est important: le développement à grande échelle de la CCS est nettement positionné dans un contexte historique.

- La séquestration océanique est vue moins favorablement que la séquestration géologique.

- La CCS est vue moins favorablement que les énergies renouvelables ou les économies d'énergie.

Sans affirmer qu'il existe des perceptions sociales stabilisées à propos de la séquestration géologique du CO2, technologie à priori inconnue du public au début du sondage), on y retrouve également deux résultats présents plus généralement dans la littérature (qui concerne d'autres pays du bloc occidental):
1. La moyenne des opinions est «neutre, à tendance positive».
2. L'opinion à propos du changement climatique a un effet: les répondants y voyant un phénomène naturel ou incertain étant moins favorables à la technologie.

vendredi 23 novembre 2007

Sur la politique américaine

Après six ans passés en évitant le problème des changements climatiques, l'administration Bush fait les premiers pas vers un autre discours à ce sujet. Ils ne changent pas de politique, mais juste la rhétorique.

Suite à la publication du dernier rapport de l'IPCC, la Maison Blanche publie un communiqué dont voici quelques extraits:

"Following last Friday's release of a new report by the U.N. Intergovernmental Panel on Climate Change, a number of media reports perpetuated inaccuracies that the president's concern about climate change is new. [... ] In fact, climate change has been a top priority since the president's first year in office. Beginning in June 2001, President Bush has consistently acknowledged climate change is occurring and humans are contributing to the problem."

ça m'a fait pensé à la cohérence de la politique américaine dont la meilleure illustration est la parodie suivante

mardi 20 novembre 2007

''Accuracy in Media''

Accuracy In Media est une organisation non-gouvernamentale américaine dont le but est de dénoncer des cas d'ambiguité médiatique sur des sujets d'actualité. En bref, il se veulent les ''détenteurs de la vérité''.

Voici le genre d'article qu'on peut trouver sur leur site: ''Media Promotes Global Warming Fraud'' (mars 2007). Petit extrait, juste pour rigoler:

''When it comes to Iraq, our media have been preoccupied with the issue of whether there was adequate intelligence to justify the invasion and if policy-makers made up evidence before the war. But on the matter of global intervention to stop global warming, there seems to be no need for scientific evidence to justify what is shaping up as a global carbon tax of 35 cents a gallon of gas on the American people.
...
In fact, the U.N.'s Intergovernmental Panel on Climate Change (IPCC) is officially sponsored by the U.N. Environmental Program, which once organized an Environmental Sabbath project so people could pay homage to the planet.''

Argumentation fantaisiste, déplacement de la question scientifique sur le fond politique, présentation de la science du climat en tant que réligion (faith-based science), et rien de factuel pour appuyer ses propos... Et tout ça vient d'un ONG qui se veut sérieux et objectif.

lundi 19 novembre 2007

Les sceptiques sur Internet

Non seulement les médias classiques (presse, télé, radio) sont des véhicules d'opinions plus ou moins fondées dpdv scientifique, Internet aussi, comme moyen d'expression libre, donne voix aux deux camps militants pour ou contre l'action visant le réchauffement de la planète. Sur www.climat-sceptique.com on peut trouver de tout pour ... ''résister au réchauffement médiatique'':

''Les températures battent chaque année des records, les glaces fondent partout, la hausse du niveau des mers s'accélère, les événements extrêmes se multiplient, les peuples premiers sont menacés, les espèces vont disparaître en masse... tout cela par la faute de l'homme, de l'émission des gaz à effet de serre, du réchauffement climatique global qui en résulte. Ce grand récit vous est familier ? Oubliez-le.''

''Malgré le bombardement permanent de nouvelles alarmistes présentées comme autant d’évidences scientifiques, il n’existe aujourd’hui aucun consensus chez les experts du climat.''

S'appuyant sur un discours pseudo-scientifique, les tenants de la thèse ''le réchauffement climatique est une chymère médiatique'' essaient de prouver qu'il n y a aucune raison de s'inquiter, qu'au contraire, tout va bien, et la majorité des scientifiques qui tirent le signal d'alarme sont des ignorants ou des marionettes servant des intérets précis. Ils se fondent sur certains faits scientifiques, mais de résonnance locale voire régionale (en oubliant qu'il s'agit là d'un phénomène mesurable à l'échelle globale et sur des périodes suffisamment longues), et sur des statistiques sans aucune valeur en vue d'un changement global, à l'échelle de la planète.

Il s'agit là d'une configuration médiatique plus regrettable, car le public qui visite ce genre de site n'aura pas le savoir, la compétence nécessaire pour trancher en connaissance de cause sur la question.

L'écho médiatique du doute

Voici un extrait d'un article de P.J. Watson publié au début de cette année sur prisonplanet.com, intitulé ''The Creeping Fascism of Global Warming Hysteria'':

The assertion that global warming is man made is so oppressively enforced upon popular opinion, especially in Europe, that expressing a scintilla of doubt is akin to holocaust denial in some cases. Such is the insipid brainwashing that has taken place via television, newspapers and exalted talking heads - global warming skeptics are forced to wear the metaphoric yellow star and only discuss their doubts in hushed tones and conciliatory frameworks, or be cat-called, harangued and jeered by an army of do-gooders who righteously believe they are rescuing mother earth by recycling a wine bottle or putting their paper in a separate trash can.

Si une vision catastrophique, trop amplifiée, du futur de la planète subissant le réchauffement climatique est un exemple de ce que François
Heynderickx appelle ''malinformation'', dénonçant des cas de disfonctionnement journalistique, l'attention disproportionnée des médias vis-à-vis une poignée de sceptiques des changements climatiques en est un autre.

Le problème fondamental avec un trop grand équilibre de points de vue est que cela perpétue chez le grand public une perception fausse qu'il existe un désaccord majeur entre les scientifiques, alors que les sceptiques ne représentent qu'une minorité infime. Trop mettre l'accent sur le point de vue des sceptiques n'aide pas à communiquer correctement vis-à-vis du phénomène des changements climatiques. Cela rend plus difficile la compréhension du public par rapport aux problèmes climatiques et la prise de décision au niveau politique.